Le fabuleux destin du Maillot de Corps

 Qu’il soit Manches Longues ou Manches Courtes, le Maillot de Corps, ou tricot de peau, a quelques siècles d’histoire derrière lui. Sa vie n’a pas toujours été d’un rose éclatant mais, tout vient à point à qui sait attendre, ses heures de gloire n’en finissent plus de sonner. Devenu l’accessoire indispensable que toutes les marques de prêt-à-porter déclinent dans tous les styles et pour tous les goûts, le Maillot de Corps, Manches Longues ou Manches Courtes, dépasse de loin sa fonction première à la fois thermique et hygiénique. 

Il était une fois… le Sous-Vêtement

homme en maillot de corps blanc en coton sous une chemise

Si les Sous-Vêtements en général existent depuis l’Antiquité, Les Maillots de Corps en lin ou en coton apparaissent en Europe au Moyen-Âge, avec pour principale mission de protéger la peau des frottements désagréables dus à l’envers des costumes. Les hommes les portent avec des caleçons longs, les femmes avec des jupons. Servant également d’isolant thermique et de barrière bactériologique, ils se popularisent rapidement. En coton, en soie, en flanelle, en laine…, le Maillot de Corps Manches Longues traverse les âges sous diverses formes : chemise, combinaison intégrale ou ravissante grenouillère sans pieds, Henley échancré avec col boutonné… Indissociable du cow-boy au petit matin, avant qu’il mette son stetson et ses deux colts à la ceinture, comme Charles Bronson ou Steve McQueen, de l’Angleterre et de ses courses d’aviron, des poilus comme des canotiers… le Maillot de Corps est à la fin du XIXème siècle une seconde peau qu’on ne quitte plus et qui va même, dans un élan de générosité, jusqu’à libérer les femmes de leur corset. En 1904, et pour s’attacher définitivement la compagnie des hommes célibataires, qui ne connaissent pas le fil et l’aiguille, le Henley abandonne ses boutons pour devenir le Maillot de Corps que nous connaissons aujourd’hui qui, ras le cou, s’enfile par la tête.  

Du Vêtement réglementaire au Vêtement iconique

Homme en maillot de corps blanc en coton

D’avancées technologiques en recherches de commodité, le Maillot de Corps rétrécit parfois ses Manches Longues ou les supprime pour se faire Débardeur. Il continue à remplir les fonctions d’un Sous-Vêtement : tenir chaud et éviter l’auréole de transpiration sur les vêtements. Mais il est encore impensable de le porter seul.  Dans les années 20, la US Navy l’intègre à l’attirail de ses soldats qui, ravis de ne plus se coltiner des Sous-Vêtements en laine, en font un classique de leur paquetage. Le Maillot de Corps a tout du bon plan : léger, facile à laver et à enfiler. Quand les G.I. américains lui font voir du pays lors de la seconde guerre mondiale, l’Europe l’adopte sans sourciller. Il devient tour à tour le symbole d’un passé militaire, puis de protestation lorsqu’il s’agit de le porter seul et non plus comme un Sous-Vêtement. Largement démocratisé dans les années 50/60 par des égéries de toutes nations, le Maillot de Corps Manches Longues ou Manches Courtes s’assume bientôt sans Chemise, puis délivre volontiers des messages politiques ( Make love Not War) ou d’appartenance à un groupe social, sportif, culturel, musical. Le temps des tribus est né et le Maillot de Corps est proclamé porte-drapeau officiel. Avec lui, on affiche son identité, son clan, ses goûts et ses couleurs.
Le Maillot de Corps est un Sous-Vêtement que la libération des corps, de la pensée et de la mode a sorti de l’ombre. Sa récente trajectoire en pleine lumière en fait une pièce indispensable de notre garde-robe. Logoté ou vierge, réinventant sans cesse ses coupes et les procédés d’impression, à col rond ou V, ample ou près du corps, pour hommes comme pour femmes, il est aujourd’hui de tous les backpack, de tous les voyages, de tous les jours, de tous les âges, de tous les styles. Sans y aller par quatre chemins, le Maillot de Corps a choisi son destin : celui d’un vêtement intemporel, fonctionnel, iconique, universel.